ABSOLU/RELATIF
ABSOLU - « Absolu » (de ab-solvo, lat.) veut dire « détaché de ». (1) Est donc absolu ce qui est indépendant, inconditionnel, sans lien à autre chose qui lui-même, qui porte en soi et rien qu’en soi les conditions de sa subsistance et de sa connaissabilité. « Absolument considéré » signifie considéré en soi, et non pas dans un contexte de relation avec autre chose. L’« Absolu », avec une majuscule, signifie le Subsistant en soi, qui ne demande pas autre chose comme condition sur laquelle s’appuyer. La « recherche de l’Absolu » est donc la recherche de la Réalité, de la Vérité ultime, qui ne renvoie pas à autre chose pour exister ou être connue. - (2) Est donc absolu ce qui est achevé, total, intégral, parfait. - (3) Est absolu quelque chose qui est valable sous tous les rapports, sans que rien le limite. Par exemple le pouvoir absolu (=qui n’a aucun contre-pouvoir par rapport auquel il doit se limiter) « Absolument impossible » signifie, dans ce sens, ce qui est impossible à tous égards et sous tous les rapports. - Ex. : Le concept de Dieu , en tant qu'il est le concept d'un être parfait, inconditionnellement existant et non limité par rien en dehors de lui, est le concept d'un être absolu. - L'impératif catégorique en tant qu'il est inconditionnel (qui n’est pas soumis à l’hypothèse que je désire faire telle chose) est un impératif absolu.
RELATIF - (1) Ce qui dépend d'autre chose (opposé à absolu au sens 1). Ex. : Cause et effet sont deux termes relatifs l'un à l'autre. (2) Est relatif ce qui comporte des restrictions, des limites (opposé à absolu au sens 2). Ex. : La connaissance humaine est relative.
ABSTRAIT/CONCRET
ABSTRAIT - (1) - L'abstrait c'est la partie séparée par opposition au tout. Abs-trahere (lat.) c'est séparer, laisser de côté certains aspects d'une chose ou d'une représentation. Ex. : On peut considérer le mur, abstraction faite de sa couleur, et inversement la couleur blanche abstraction faite du mur. - (2) L'abstrait, c'est aussi le général par opposition au particulier. L'abstraction permet de saisir des caractéristiques communes. Ex. : La concept de chien se forme par abstraction à partir de tous les chiens particuliers, qui ont en commun des caractéristiques qui forment la définition du concept de chien. Le mot « chien » (ainsi que tos les mots) en ce qu’il désigne ce qui est commun à tous les chiens concrets, est donc le symbole d’une représentation abstraite. « Ce que tu dis est abstrait » signifie que tu ne tiens pas compte de la réalité donnée, concrète.
CONCRET - Est concret (du latin concrescere, se solidifier) ce qui peut être immédiatement perçu par les sens ou être imaginé perceptible. Les sens non seulement externes, mais en général notre faculté d’appréhender la réalité en sa particularité : le concept abstrait de justice (qui ne peut être saisi qu’avec les yeux intérieurs de notre esprit) se « concrétise » devant nous lorsque nous songeons à une situation particulière qui en serait un exemple (comme la droite sentence émise par un juge) - Le concret c'est le domaine des significations familières, qui est la marque du monde où nous vivons, plus particulièrement du monde perçu. On entend généralement par concret ce qui existe réellement, ce qui est donné aux sens. Ex. : les individus que l'on appelle « chiens » sont des êtres concrets, tous différents les uns des autres.
ACTE/PUISSANCE
EN ACTE - Le concept philosophique d’acte a une double valence : a) un processus et b) son résultat achevé. Ainsi, en français « acte » indique à la fois l’action comme processus et ce qui, en tant que « fait » est son résultat achevé. En effet, d’un côté « poser un acte » signifie faire quelque chose de bien déterminé et accompli ; de l’autre, un « mouvement en acte » signifie un mouvement en cours de déroulement et de réalisation. Pour Aristote donc, l'acte (energheia) désigne soit ce qui est en train de s'accomplir, soit ce qui est réalisé et se trouve en état d’achèvement et de plénitude. - Par exemple, nous pouvons considérer le processus d’éclosion d’une fleur. A) Lorsque ce processus est « en acte » la fleur elle-même n’est pas encore là (elle est en état de potentialité). Mais B) nous dirons aussi qu’une fois ce processus achevé la fleur ainsi éclose et parvenue à sa plénitude est une fleur « en acte ». - Pour saisir cette double valence de la même expression il faut viser ses différents moments (éclosion/fleur achevée) comme les phases d’une même dynamique vitale. En ce faisant, nous pouvons percevoir la fleur « en acte » elle-même comme un processus qui jalonne la vie de la plante.
EN PUISSANCE - Cette expression indique l’état de la fleur lorsque le processus d’éclosion n’est pas encore achevé : elle est une pure potentialité. Une fleur, de même que la graine d'où elle provient, est un "arbre en puissance". Ce qui n'est qu'en puissance, donc, par opposition à ce qui est en acte, est ce qui n'est pas encore réalisé, ce qui n'est qu'une virtualité. - MAIS ATTENTION !. Si l’arbre achevé est « en acte » ce que la graine n’est qu’« en puissance », du point de vue terminologique nous ne dirons pas que la graine « en acte » est l’arbre, mais bien au contraire que la graine « en acte » est justement la graine elle-même, en sa forme donnée et achevée. En synthèse, une graine en acte est un arbre en puissance, l’arbre étant l’actualisation de la puissance de la graine.
ACTE PREMIER ET ACTE SECOND - La pure capacité de faire quelque chose peut bien être « en acte » chez un individu qui la possède (si je ne suis pas aveugle, c’est que je possède la vue bien actuellement), mais cette capacité peut n’être qu’« en puissance » du point de vue de son exercice effectif (si je ferme les yeux). Aristote distinguait donc l'acte premier – le fait d’être actuellement en possession d’une capacité (=puissance) comme la vue – et l'acte second, qui est la mise en œuvre de cette capacité : j’ai les yeux ouverts et je regarde devant moi.
L’ACTE PRIME SUR LA PUISSANCE - L'être en acte est doué d’une plus grande perfection que l'être en puissance. Ainsi, dit Aristote, « chaque chose est dite être ce qu'elle est plutôt quand elle est en acte que lorsqu'elle est en puissance » (Physique II). En effet, si nous considérons un fœtus, nous disons « voilà un homme » : c’est l’homme comme être actualisé qui donne une identité au fœtus (qui n’est un homme qu’en puissance) et pas l’inverse : nous dirons donc le fétus est un petit homme, mais nous ne dirons pas que l’homme est un grand fétus. L’acte donc prime sur la puissance.
Âme
Arké
ANALYSE/SYNTHESE
ANALYSE - Analyser (ana-luein, dissoudre) c'est décomposer un tout en ses parties, soit matériellement (ex.: l'analyse chimique), soit par la pensée (ex. : l'analyse d'un concept, d'un sujet). L'analyse permet ainsi d'aller du complexe au simple. - Du point de vue logique, il s’agit de la démarche démonstrative « ascendante », qui part d’en bas – la proposition que l'on veut démontrer, donc la conclusion visée – pour remonter pas à pas une ou plus propositions connues et plus simples (théorèmes précédentes /axiomes/définitions) dont la proposition à démontrer découle nécessairement. - Ex. Je veux établir que (thèse) «les angles internes dans tout triangle sont = 2droits», c’est-à-dire en faire la conclusion d’un théorème. Pour ce faire, je remonte en arrière à la recherche des théorèmes, des axiomes et des définitions que j’ai déjà établis, et d’où cette conclusion découle nécessairement. Ce processus est donc celui d’une décomposition de la conclusion dans les éléments simples dont elle est formée.
SYNTHESE- Synthétiser, c'est, réciproquement (re-) composer un tout à partir de ses parties. Donc la synthèse va du plus simple au plus complexe. - 1) Du point de vue logique, il s’agit de la démarche démonstrative « descendante », qui part de propositions connues (axiomes/définitions) pour en déduire un ou plus conséquences nécessaires dans la conclusion. Ex. le mode d’exposition du livre d’Euclide (Grèce -IIIe) « Les Eléments» où apparaît le théorème 32 sur les angles droits: on commence des définitions/axiomes et on « compose » avec ces briques (comme du Lego) les théorèmes. - 2) Une synthèse est aussi un résumé rassemblant les points principaux d'une théorie, d'un courant de pensée, d'une démarche ou d'un débat.
Ce double processus est demandé dans la dissertation philosophique. Les parties du plan sont l'expression de ce travail d'analyse, là où la conclusion doit en être la synthèse finale. Dans un plan dialectique qui oppose dans les deux premières parties une thèse et son antithèse, la troisième partie appelée « synthèse » établit la fusion des deux premières dans une nouvelle position qui dépasse l'opposition de la thèse et de l'antithèse en en retenant ce qu'elles ont de légitime. - Le travail demandé dans une explication de texte est aussi un travail d'analyse et de synthèse : je me projette sur le texte « brut » de départ comme une totalité encore opaque, pour le décomposer en des parties simples et devenues transparentes grâce à mon analyse, qu’ensuite je recomposerai pour engendrer le tout de mon texte expliqué.
CAUSE/FIN
CAUSE - La cause est ce qui répond à la question "pourquoi?". - Cette question cependant peut avoir plusieurs sens, et donc peut recevoir plusieurs types de réponse. La classification fondatrice et jamais dépassée en fonction de ces types de réponse est celle d'Aristote (Physique, II) qui distingue 4 genres de causes. Prenons l'exemple de la statue en marbre représentant un homme. Nous avons :
1. Sa cause matérielle, la matière dont la chose est faite : le marbre
2. Sa cause efficiente, ce qui produit la chose : le sculpteur
3. Sa cause formelle, la forme qui lui confère son identité/définition : la figure humaine
4. Sa cause finale, le but pur lequel elle a été sculptée (décorer un temple).
Dans notre science c'est le « mécanicisme » et le "matérialisme" qui dominent notre conception de la causalité: le savant actuel ramène toute cause à un certain rapport, purement "mécanique", c'est à dire « aveugle » (= dépourvu d’intentions, donc de "cause finale") entre deux réalités matérielles dont l'une, la cause, produit l'autre, l'effet (une pétanque en choque une autre et cette dernière se met en mouvement). Pour notre pensée scientifique toute cause ne doit donc être reconduite qu'à la cause matérielle et la cause efficiente d'Aristote.
Principe de causalité: 1) tout phénomène déterminé a une cause déterminée ; 2) à une même cause correspond nécessairement un même effet.
FIN - 1) Le terme, la limite, opposé au commencement. - 2) Le but, l'objectif, opposé au moyen. Cf. l'expression machiavélienne « la fin justifie les moyens ». - La fin d'une action est le but visé par son auteur. Par analogie avec cette intention de l'agent, la fin de quelque chose serait le but de son existence, ce en vue de quoi elle aurait été créée ou ce vers quoi elle tendrait en vertu de sa nature.
Principe de finalité « La nature ne fait rien en vain ». Cette formule d'Aristote exprime cette idée que tout être à une fin, un but. Rien dans la nature ne serait gratuit, dépourvu de sens, manqué ou superflu.
La causalité dans la physique actuelle : les lois purement descriptives du mécanicisme moderne.- La physique moderne prétend faire l'économie de la finalité dans l'explication du mouvement des corps. Pour expliquer le mouvement, il n'est pour elle besoin que du Principe d'inertie et de l'action-réaction entre les corps. Mais en quoi précisément cette "action" consiste-t-elle? Quelle est sa nature (=cause)?...Pourrions-nous demander. Et bien, sur ce point, la science actuelle suspend le jugement: elle ne s'interroge pas sur les causes "ultimes". Cette attitude découle de celle de (entre autres) David Hume ("empirisme" XVIIIe) qui dissout la question de la nature ultime de la causalité, en la réduisant au simple phénomène "de surface" d'une pure relation de contiguïté spatio-temporelle entre des phénomènes observables; ainsi que de celle d’ Auguste Comte (« positivisme » XIXe) qui, dans le même esprit, récuse le concept de cause au profit de celui de loi, qui n’est que l’expression d’une fait «positif »: qui se borne à être-là, et c'est tout. Les lois de la physique ne font pour lui que décrire sous une forme mathématique, une relation constante entre des phénomènes sans se prononcer sur la nature du mécanisme sous-jacent. Au « pourquoi? » causal, il faut donc substituer le « comment? » nomologique (nomos=loi; logos=discours rationnel) : la « loi » se borne à décrire le mode universel d’interaction entre les choses, sans expliquer la nature, la cause ultime de ce fait. Cette science est donc plutôt une "science des effets" que une "connaissance de causes", selon la définition aristotélicienne de science.
Clarté et distinction
COEUR
CONTINGENT/NECESSAIRE/POSSIBLE
CONTINGENT - Ce qui est, mais pourrait ne pas être. Donc, réel mais non nécessaire. Est donc contingent tout ce qui est bien là (il n’est pas que possible) mais qui pourrait ne pas y être. Donc, quelque chose est contingent quand il est bien réel mais son contraire est possible c’est-à-dire pensable, imaginable sans contradiction.
NECESSAIRE - Ce qui ne peut pas ne pas être. Ce dont le contraire est impossible. - On distingue: (1) Nécessité logique: ce qui découle des seules règles du raisonnement valide. Si tous les hommes sont mortels et Socrate est un homme, alors il est nécessairement mortel.- (2) Nécessité physique : ce qui découle d'une loi de la nature. Si je laisse rouler cette sphère sur ce plan incliné, elle descendra avec une accélération constante, répondant à une certaine relation mathématique où l’action de la planète Terre est exprimée, et qui n’a rien de nécessaire en soi. La nécessité physique d’un phénomène découle donc d’un cadre de lois qui, elles, sont contingentes et n’ont rien de nécessaire en soi.
POSSIBLE - (1) Est possible logiquement ce qui n'implique pas de contradiction, donc est compatible avec les règles de la logique. Si un triangle ayant quatre côtés est logiquement impossible, un âne ailé est logiquement possible. - (2) Est possible effectivement : ce qui n'est pas contraire aux lois naturelles. Il est effectivement impossible de faire sorte que la flamme sortant de ce briquet se dirige vers la terre plutôt que vers le ciel, même si un monde où le feu se dirige vers la terre est logiquement possible car non contradictoire. -
Remarquons bien que le possible sert à définir à la fois le nécessaire (« ce dont le contraire est im-possible ») et le contingent (ce dont le contraire est possible)
CROIRE/SAVOIR
CROIRE- Donner son assentiment à une proposition qui est tenue pour vraie sans nécessairement avoir le savoir objectif de sa vérité. Nous parlons dans ce cas de simple « opinion » (grec : doxa). Kant : « lorsque l'assentiment n'est suffisant qu'au point de vue subjectif, et qu'il est insuffisant au point de vue objectif, on l'appelle une simple croyance ». La distinction croire et savoir revient donc à celle entre subjectif et objectif. Le "croire" indique donc un état de notre esprit en ce que nous ne le considérons que du côté du sujet, mais cela n'empêche en rien que le côté objectif soit aussi présent. En effet, lorsque je sais quelque chose,cela signifie évidemment que du côté de l'objet la réalité est telle que je la sais, mais dans mon âme, quant à moi mon "savoir" à bien la "saveur", l'aspect d'un "croire fermément" à ce que je dis. Autrement dit, l’objectivité de ma certitude n’ôte pas la dose de subjectivité qui en elle est nécessairement présente, sans quoi elle ne pourrait pas m'appartenir comme sujet. <:p>
Nous dirons donc: si je sais, je crois aussi à ce que je sais (j’y crois fermement) tandis que le contraire n'est pas nécessairement vrai: je peux subjectivement croire quelque chose, sans que à cette croyance ne s’accompagne aucune objectivité, donc sans le savoir. C’est dans ce dernier cas que mon croire est une « pure et simple croyance » au sens de Kant
SAVOIR- Porter en soi la certitude ferme et objective - car effectivement fondée dans les choses elles-mêmes - de la vérité d'une proposition quelconque : "je sais que..."; "je le sais ". Cette certitude n'est donc pas qu'un état du sujet: elle est au contraire liée à des procédures de validation dont celui-ci peut rendre raison. Ces procédés peuvent être immédiates (comme dans la perception externe ou interne : je sais qu’il pleut car je le vois ; je sais que je t’aime car je le ressens) ou médiate : je sais que les angles internes d’un triangle sont égaux à deux droits, car je viens de le démontrer sur la base d’un certain nombre de passages. Savoir, c'est donc aussi savoir pourquoi on sait : justification en principe partageable, donc à prétention universelle.- Il faut bien souligner que pour qu’on dise que l’on sait une certaine chose, ce savoir doit objectivement correspondre à la réalité effective : si je dis « je savais qu’il était en train de pleuvoir » tandis que je viens de découvrir que j’avais tort, je dois reformuler et dire : « je le croyais, je ne le savais pas ».
OPINION - L'"opinion" (doxa) est certes une croyance, mais tout à fait particulière, car à la différence d'une croyance clairement assumé, l'opionion est cette adhérence irréfléchie qu'un sujet concède à une vérité quelconque (il y croit) sans pourtant avoir conscience que c'est une simple croyance. Par exemple, nous tous somme spersuadé que c'est la Terre qui tourne autour du Soleil: nous le considérons comme un "savoir" acquis. Mais très très peu de personnes sauraient en effet justifier cette croyance (qui va à l'encontre de tout ce qu'on voit. C'est là l'"opinion": une croyance irréfléchie et en l'occurrence répandue - et fondée de manière totalement arbitraire - qui se prend pour un savoir.
Or l’opinion est donc le premier ennemi du chercheur de vérité. Car elle se prend tout naturellement (sans se l'avouer!) pour savoir et vérité. - Au fait, dans l’usage courant, l’« opinion » exprime ce qui « semble » vrai aux uns mais pas forcément aux autres. Mais cet innocent « sembler » est bien mensonger, car le sujet d’une opinion partagée (par exemple : dans l’antiquité/moyen âge l’opinion que le soleil tourne autour de la terre) ne dit pas « il me semble » : il ne doute aucunement de ce qu’il croit. La doxa se prend donc comme une forme de savoir, accepté par tous car bien évident. Aujourd’hui aussi ! : tout le monde (ici maintenant dans cette classe) croit bien savoir que la terre tourne autour du soleil, même si personne n’est un savant et ne saurait justifier ce qu’il ctoit. Et cette certitude de l’opinion se retrouve à la fois dans celui qui l’émet que dans celui qui l’écoute : ils croient tous les deux dire ou entendre la vérité, alors qu’ils l’ignorent. - Pensons par exemple aux débats télévisés : combien d’ignorants opposent leurs stupides idées reçues comme autant de savoirs aux vrais savants, et combien d’ignorants qui les écoutent les prennent pour des vrais savants. L’opinion a donc vocation de se faire passer par un savoir qui permet de sortir de l’ignorance ou de l’éviter… et l’individu en est immédiatement dupe.
OPINION COMMUNE (endoxa) - L'opinion commune est ce qu'on pense communément dans un vaste groupe social. L’opinion commune doit TOUJOURS être le point de départ de la réflexion philosophique, qui se doit de la prendre en compte, car dans la plupart des cas l’endoxa est bienfondée, même si irréfléchie. C’est ce que vous devez faire lors d’une dissertation : toujours vous enraciner dans une opinion commune, pour la mettre en discussion et la fonder, ou démentir, ou la délimiter.
FOI La foi est une certitude intime et absolue, mais non rationnellement enraciné sur son objet. Je vois un arbre, et je suis habité par la foi qu’en hors de moi il y a en effet un arbre. A la limite, la foi peut même être non rationnelle, c’est-à-dire contrarier ce que ma raison considère comme une évidence.
ESSENCE/SUBSTANCE/ACCIDENT
SUBSTANCE Une substance est une réalité qui subsiste dans la continuité du temps, pendant que ses propriétés, ou accidents, changent. Par exemple, un arbre est une substance : dans le temps ses accidents changent : il devient plus grand, plus gros, plus ou moins vert selon la saison, mais lui-même il reste toujours l’arbre qu’il est en deçà de ses propriétés "accidentelles" (ses "accidents").
ESSENCE - 1. Opposée à « accident » . L'essence est ce qui constitue la réalité permanente de quelque chose et ce qui fait qu’elle soit la chose qu’elle est, par opposition à ses propriétés et modifications de surface. Par exemple, ce qui fait d’un être humain une personne c’est sa conscience. La conscience est donc l’essence de la personne. Or il peut se passer que tout au long de sa vie une personne change ses goûts, son caractère, ses habitudes etc. c’est-à-dire certaines de ses « propriétés » de ses caractéristiques. Il ne s’agira pourtant que de modifications « accidentelles » par rapport à ce qui fait son essence comme étant une personne : le fait qu’elle sache dire et penser « me voilà, j’existe et je suis la même personne depuis que j’ai des souvenirs de moi-même ».- ESSENTIEL est donc est ce qui appartient à l'essence d'une chose et est nécessaire et suffisant pour que cette choses soit la chose qu’elle est. « Appartient à l'essence d'une chose ce qui, étant donné, fait que cette chose est nécessairement posé, et qui, supprimé, fait que cette chose est nécessairement supprimée. »( Spinoza) - 2. Opposé à existence. L'essence est ce qu'est une chose, indépendamment du fait même qu'elle existe en effet. Par exemple, on peut bien dire que Mickey de Walt Disney a une essence : il est une petite sourie bipède avec des grandes oreilles. Un chien-Mickey est comme un triangle carré. Et pourtant Mickey n’existe pas. "Toute essence peut être conçue sans que soit conçue son existence : je puis en effet concevoir ce qu'est l'homme ou le phénix, tout en ignorant si cela existe dans la nature des choses. Il est donc évident que l'existence est autre chose que l'essence"(Thomas d'Aquin"
ACCIDENT - Étymologiquement, l'accident est « ce qui arrive », « ce qui se passe ». Il se passe que je sois fatigué ou en colère, tandis qu’il ne se « passe » pas que je sois un homme : je reste un homme quoi qu’il arrive (cela fait partie de mon essence), tandis que ne je suis fatigué que maintenant, et pas nécessairement dans une heure ou un jour. L'accident est donc ce qui, dans un être, peut être modifié ou supprimé sans changer la nature de la chose elle-même, c'est-à-dire sans que cette chose cesse d'être ce qu'elle est.
Expliquer et comprendre
EN FAIT/EN DROIT
EN FAIT Un "fait" est « ce qui est le cas » (Wittgenstein), ou « ce qui arrive ». Une question portant sur le fait est « Est-ce arrivé? Est-ce que cela s'est effectivement passé de cette façon? »
EN DROIT Un droit désigne ce qui doit être le cas ou se doit d'arriver. Un question de droit est « est-ce conforme à la loi (légal) ou conforme à la justice (légitime)? ». Les questions de fait portent sur l'être. Les questions de droit portent sur le devoir-être.
La distinction entre le fait et le droit est centrale dans le Droit romain. La procédure romaine distinguait l'établissement des faits de son évaluation juridique. Dans cet esprit, le Code juridique est conçu comme indépendant des faits.
En effet le droit, pour être universellement valide ne peut pas être fondé sur un simple fait. Ce n'est pas ce qui se passe "en fait" qui détermine ce qui devrait se passer en droit. C'est ainsi que « force (=un état de fait) ne fait pas droit » (Rousseau, Du Contrat social, L. I, ch. III « Du droit du plus fort ») - Dans la tradition de la jurisprudence anglo-saxonne (ce que l'on appelle le « droit coutumier ») contrairement au Droit romain, ce sont les précédents jugements et non un Code préétabli qui constituent la source du droit. Il s'ensuit un ajustement plus souple entre le droit et l'évolution factuelle des moeurs. Un nouveau jugement peut ainsi de facto « faire jurisprudence » et donc faire évoluer le droit.
Kant applique la distinction entre le fait et le droit au domaine de la connaissance : il faut distinguer la question factuelle de la connaissance (« la terre tourne-t-elle autour du soleil? ») de la question « de jure », de savoir ce qui fonde la validité et justifie une connaissance prétendument valide (« En vertu de quoi on prétend que les lois des mathématiques sont-elles universelles et nécessaires? »). Pour répondre à la question de droit de la légitimité de la connaissance (« que puis-je savoir? ») la Raison se convoque à son propre tribunal. (Kant, Critique de la raison pure, Préface à la seconde édition)
FORMEL/MATERIEL
FORMEL- Ne concernant que la forme, la structure, le châssis. - MATERIEL : concernant la matière, le contenu. - Ici nous traitons de la distinction entre le formel et le matériel dans la logique, la politique, l'éthique et de l'esthétique.
LOGIQUE Vérité formelle/vérité matérielle En logique on distingue une matière, c’est-à-dire un contenu constitué de termes particuliers – par ex. « homme » (=l’ensemble des hommes) ou « mortel » (= l’ensemble des êtres mortels) – et une forme, qui est le schéma, le châssis dont les « cases vides » peuvent être remplies par des « matières » de toute sorte. Par ex TOUT A EST B => TOUT homme EST mortel. La vérité d’un énoncé ou d’un enchaînement d’énoncés peut être donc soit celle de sa forme/châssis (sa « validité ») soit celle de sa matière/contenu (sa correspondance à la réalité des choses)- La vérité formelle est le fait que les énoncés sont bien construits et leur enchaînement correspond à un schéma de raisonnement respectant les règles de dérivation. Par ex. Si tout A est B et que tout B est C, alors tout à A est C. Et cela pour n’importe quel A, B, et C, donc pour toute « matière » possible, même dans le cas où ces énoncés soient « matériellement » faux (par ex. Si tout âne (A) est rationnel (B) et que tout être rationnel (B) est humain (C), alors tout âne (A) est humain (C). Ce raisonnement est formellement vrai (valide) même s’il est faux du point de vue de son contenu (matière). - La vérité matérielle est le fait que ce qui est dit des termes particuliers correspond à la réalité.
POLITIQUE - Egalité (liberté) formelle / égalité (liberté) matérielle. - L'égalité formelle, ou abstraite, est l'égalité juridique conformément au principe selon lequel les mêmes lois s'appliquent à tous. C'est le principe de l'égalité devant la loi énoncée dans l'Article premier de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droit. » L'égalité matérielle, ou concrète, est l'effective égalité des chances, principe selon lequel non seulement tous doivent avoir les mêmes droits, mais encore avoir réellement la même possibilité de les faire valoir. J'ai certes le droit formel d'aller à l'université, mais si je n'ai pas les ressources pour payer les frais d'inscriptions, ce droit reste lettre morte. - La liberté formelle est la liberté définie par la simple jouissance de droits garantis par la loi. Ainsi, dit Montesquieu, « La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent » Mais cette la liberté de tous, pour être effective et réelle, suppose l'égalité matérielle. C'est pourquoi Marx a vivement critiqué le formalisme de la Déclaration universelle des droits de l'Homme dans laquelle il ne voit qu'une mystification bourgeoise qui masque la réalité de l'inégalité des chances due à l'exploitation de l'homme par l'homme. C’est parce qu’on a défini la liberté par le mot droit (droit de faire) et non pas par le mot pouvoir (avoir la possibilité effective de faire) qu’on en est venu à appeler « hommes libres » des hommes esclaves de la faim, esclaves de l’ignorance, esclaves de la peur.
ETHIQUE (Morale) La morale kantienne de l’ « impératif catégorique » est « formaliste », car elle ne commande pas des normes ayant un contenu (matière) déterminé (comme « ne tue pas ») – que Kant appelle des « maximes matérielles » mais seulement la pure forme d’un commandement (« agit de façon à traiter l’humanité dans toi et dans autrui non seulement comme moyen mais aussi comme finalité en soi ») qui devra se remplir de contenu au cas par cas.
Forme
GENRE/ESPECE/INDIVIDU
GENRE - (1) LOGIQUE le "genre" est une notion universelle (« animal ») comprenant plusieurs "espèces" dans son extension (« homme », « chat » etc.). La "définition" au sens classique se compose donc de genre + "différence spécifique": "L'Homme est un animal rationnel" (où "rationnel" est la "différence" qui découpe à l'intérieur du genre "animal" l'espèce "Homme" - (2) METAPHYSIQUE - Aristote affirmait que l' "Être lui même" (la réalité donc, pas seulement la logique, notre façon de la classifier)s’articule "immédiatement" selon des genres.Ce qui veut dire que nous ne pouvons pas sasir l'"Être lui-même" en sa pureté vide, mais seulement des "genres" déterminés à son intérieur, de même que nous ne pouvons pas saisir "LE" Nombre "lui-même" mais seulement tel ou tel nombre (1, 2, 3, 2020...) à l'intérieur de leur ensemble total. Donc, la réalité se subdivise d'elle même en genres, ce que nous comprenons aisément: en pensant le réel nous distinguons spontanément par ex. l’"Animé" et l’"Inanimé". A l’intérieur de l’animé, nous distinguons les végétaux, les animaux etc. Les différentes sciences corresponderont donc chacune à un certain genre déterminé. Par ex. l’arithmétique s’occupe du nombre, la physique des corps en mouvements, la médecine de la santé etc. - (3)BIOLOGIE le genre est un échelon dans la subdivision "taxonomique" (= qui fournit la loi (nomos) de l'ordre (taxis)) du Vivant, qui enchaîne Ordre/Sousordre/Famille/Genre/Espèce. Par ex. les "félins" constituent un genre du sous-ordre féliformia, de l’ordre de carnivores, et à son tour se subdivise en espèces (lion, tigre, chat etc.)
ESPECE - (1) LOGIQUE - L'espèce est une division du genre. Dans la hiérarchie des divisions de l'être le passage du genre à l'espèce se fait par la conservation des caractéristiques communes et l'ajout de la « différence spécifique ». Ex. l’espèce homme est animal (genre) rationnel (différence spécifique. - BIOLOGIE Chez Aristote, l'espèce au sens biologique se confond avec l'espèce au sens logique/métaphysique. Mais à partir de Buffon (XVIIIe), l'espèce biologique est définie comme "l'ensemble des individus dont le croisement donne un produit fécond. - Le biologiste de l'évolution Ernst Mayr propose la définition suivante : « Les espèces sont des groupes de populations naturelles à l'intérieur desquelles les individus sont réellement ou potentiellement capables de se croiser; toute espèce est isolée du point de vue de la reproduction des autres espèces. »
RACE - (1) BIOLOGIE - Ensemble des caractères qui distinguent, au sein d'une espèce, un type particulier qui se transmet par hérédité. Par extension, le groupe d'individus chez lesquels se perpétuent ces caractéristiques.- Sens figuré : ensemble de personnes présentant des caractères semblables. Ex. : la race des aventuriers.
INDIVIDU - Etymologiquement, « in-dividu » traduit le grec a-tomon qui veut dire indivisible. L'individu est donc un élément distinct et indivisible de la réalité, qui, contrairement au genre ou à l'espèce, ne contient pas plusieurs êtres dans son extension. Est un individu tout être concret ayant une existence distincte et identifiable, qui, sans être indivisible au sens absolu (on peut bien couper un deux le corps d'un homma) n'est toutefois pas composé d'êtres de la même espèce et jouit d'une autonomie et d'une permanence dans le temps.
Trois types de problèmes se posent: (1)Problème de la nature humaine : l'appartenance à l'espèce humaine suffit-elle à définir l'être humain comme individu et comme personne ? Que doit l'être humain à son appartenance à une espèce naturelle et que doit-il à son appartenance à une société et une culture? Existe-t-il quelque chose de commun à tous les hommes, indépendamment d'acquisitions culturelles arbitraires et conventionnelles, qui suffiraient à définir l'essence de l'humanité ?
(2) Problème du racisme : Existe-t-il des races humaines? Le racisme est une doctrine admettant la réalité biologique des races à l'intérieur de l'espèce humaine et établissant une hiérarchie entre-elles qui justifierait une inégalité de valeur et de traitement. Le racisme serait, selon Lévi-strauss, l'attitude la plus primitive de l'être humain.
(3) Problème de l'individualisme : au-delà des définitions biologiques de l'individualité (unité sans laquelle un organisme vivant cesse d'exister de façon relativement indépendante), la pensée politique a introduit la notion de l'individu-sujet libre qui donnerait naissance à la société par association délibérée et contractuelle avec les autres sujets (théories du contrat social). Cette conception non biologique de l'individu soulève deux questions : a) La question de l'antériorité : dans quelle mesure l'individu préexiste-t-il à la société? - b) La question de la primauté : quelle est la valeur de l'individu en tant qu'individu par rapport à la société à laquelle il appartient?
Idéal et réel
IDENTITÉ, ÉGALITÉ et DIFFÉRENCE
IDENTITÉ- L'identité est le caractère de tout être qui peut être considéré, soit absolument, soit d'un certain point de vue, comme "un": une-et-la-même-chose. - 1. Identité numérique - Le caractère de ce qui est "identique absolument" et non pas seulement sous un certain rapport, en ne considérant qu'un aspect de lui-même. Id entité « numérique », signifie que cette chose-ci (identique à elle-même) n’est pas cette chose là : elles sont deux choses, « numériquement » distinctes. Ex. : Un homme à deux ans et le même homme à 40 ans (: il s'agit d'un seul et même être, « numériquement » un. Deux êtres "numériqument identiques" osnt donc un (= un en nombre) seul et même être. - 2. Identité spécifique - C'est l'identité sous un certain rapport (l'espèce/genre d'appartanence, voire une certaine qualité). C'est donc le fait, pour plusieurs êtres (numériquement distincts) de partager des caractères communs. Ex. : ma voiture est identique à celle de mon voisin (même marque, même modèle). L'identité en ce sens est une simple relation d'équivalence. Des êtres identiques sous un certain rapport peuvent être différents sous un autre, et ils ne sont pas un seul et même être.
ÉGALITÉ - 1. Au sens logique et mathématique - La relation d'égalité peut-être une identité soit au sens 1 ou soit au sens 2. Lorsque j’écris 2=2 ou "la longuer du segment AB est égale à celle du segment CD" j’affirme ambigument : soit une identité spécifique, car je ne parle que de la "quantité" que j'attribue à deux choses numériquement différentes; soit une identité numérique, car il s'agit de deux « occurrences » de la même réalité: « le 1 » ou "telle longueur". La différence en mathématique entre identité et égalité se voit très bien en algèbre. Si j’écris a=b j’affirme une égalité quantitative sans identité numérique (a et b sont deux choses distinctes). - 2. L'égalité sociale présuppose au contraire la différence des individus qui sont déclarés égaux « en droit » malgré leurs différences en fait. Ainsi, dit Rousseau, le contrat social qui institue l'état de droit contre la loi du plus fort « substitue […] une égalité morale et légitime à ce que la nature avait pu mettre d'inégalité physique entre les hommes, et […] pouvant être inégaux en force et en génie, ils deviennent tous égaux par convention et de droit ». (Du Contrat social, L. I, ch. IX)
DIFFÉRENCE Rapport entre des objets non identiques, soit absolument, soit d'un certain point de vue. - La question de l'égalité sociale dans la différence (ou malgré les différences) pose deux difficultés : 1.La difficulté, dans une société pluraliste de reconnaître et tolérer les différences culturelles, religieuses et idéologiques, tout en préservant les droits fondamentaux communs. Nous nous devons de reconnaître la différence justement au nom de l'identité culturelle ou religieuse d'un groupe — donc au nom de sa différence par rapport aux autres groupes.- 2.La difficulté, dans une société inégalitaire en fait , de respecter strictement le principe de l'égalité en droit (voir la distinction en fait/en droit).
Le problème de l'identité personnelle - Evidemment, je suis qui je suis: un et identique à moi-même, au sens de l'identité numérique. Mais je peux radicalement changer mes "qualités" au cours de ma vie (mon identité spécifique) jusqu'à cesser d'être le même "genre" de personne que j'étais auparavant. Dans un cas pareil on pourra dire de moi: "ce n'est plus le même", au sens numérique. Donc, les qualités qui me "caractérisent" comme identité spécifique sont aussi elles qui me "singularisent" comme identité numérique... mais ce n'est pas évident de décider quand et en quel sens tel être humain que nous disons "le même homme" est aussi "la même personne".
INTUITIF/DISCURSIF
INTUITIF La connaissance intuitive est une forme de connaissance immédiate, qui ne passe pas par le langage et la conceptualisation, qui sont de médiations entre nous et l’objet connu. L'intuition peut être sensible ou intellectuelle : simple réceptivité de ce qui nous est donné par les sens (cette couleur rouge) ou vision directe de l'esprit (l’égalité entre A et C une fois posé A=B et B=C).
DISCURSIF - La connaissance « discursive » passe par l'intermédiaire du « discours » : langage et concepts. Tout forme d’argumentation qui enchaîne une suite de passages pour parvenir à une certaine conclusion est appréhendée de façon discursive (je passe de l’un à l’autre, successivement ; j’enchaine un « discours »). Cela n’empêche que si je m’entraine sur une démonstration (qui en soi et discursive) jusqu’à un avoir une vision simultanée en toutes ses parties, cette saisie simultanée soit enfin intuitive.
LEGAL/LEGITIME
LEGAL - Est légal ce qui est conforme au droit « positif ». Le droit « positif » étant l'ensemble des lois instituées("posées") à un moment donné dans une société donnée.
LEGITIME - Est légitime ce qui est conforme à la justice comme norme du droit positif (à laquelle ce dernier doit obéir). La justice comme norme du droit positif est un ensemble de valeurs fondamentales auxquelles toute législation est supposée se conformer « en principe », « normalement ».
LEGALISME - Attitude qui consiste à s'en tenir à la lettre de la loi au mépris de l'équité, d’une justice substantielle, réelle, effective, calée sur la réalité.
ÉQUITÉ Justice qui tient effectivement compte de la particularité des individus et des contextes. Il s'ensuit qu'un jugement d'équité n'est pas une application stricte de la lettre de la loi. Il vise la légitimité au-delà de la stricte légalité.
DISCUSSION
Le droit positif a pour caractéristique d'être conventionnel et de varier d'un état à un autre. On ne peut donc pas écarter la question de son bien-fondé. En principe, on présuppose que la légalité et la légitimité coïncident, c'est-à-dire que le droit positif est juste. Mais en pratique, comme le fait remarquer Rousseau, c'est loin d'être toujours le cas. Antigone qui désobéit à la loi de Créon en donnant une sépulture à son frère enfreint le droit positif au nom de la justice : elle agit de façon illégale mais légitime. Ainsi, on admet que le droit de l'individu est déterminé par la loi (positive) mais on revendique inversement le droit de défendre son droit contre une loi supposée injuste. Contester la légalité au nom de la légitimité, c'est donc admettre le droit (paradoxal) de contester le droit.
Mais qu'est-ce qui est "vraiment juste" ? On a recherché le "vrai fondement" du droit positif du côté de la "nature des choses" (l'absolument spontané et originellement donné, dès le commencement) pensée comme le critère ultime de légitimité. Étant "naturels" comme la Gravitation Universelle, qui tout gouverne, les "droits fondamentaux" (liberté, égalité, sécurité, voire même propriété etc.) n'auraient pas besoin d'être à leur tour fondés : ils auraient un caractère originel et donc absolu et universel. Ils échapperaient donc aussi à l'histoire et à la géographie, qui nous imposent le phénomène d'un changement incessant de moeurs.
Cependant, la notion de « droit naturel » semble être une contradiction dans les termes. Le droit n'est-il pas par définition contre la "nature" ?... contre ce qui est spontanément, "de fait" comme il est? - Et encore: la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme tente de préciser les "valeurs fondamentales" qui fondent TOUTE légitimité. Mais, malgré sa prétention à l'universalité, cette déclaration est bien située dans l'espace et dans le temps et sujette à révision. Là aussi, l'on ne peut pas ne pas rémarquer la contradiction.
MATIERE
MEDIAT/IMMEDIAT
MEDIAT - Du latin medium = moyen, qui se trouve entre une chose et une autre. C’est donc ce qui n'est atteint qu'indirectement, à l'aide d'un inter-médiaire. Ex.: savoir qu'il y a un feu indirectement, en observant son effet qu'est la fumée est une connaissance médiate. La médiation met en rapport des éléments distincts grâce à un "moyen terme".
IMMEDIAT - Ce qui est atteint directement, sans intermédiaire. Ex. : savoir qu'il y a un feu en l'observant directement.- Pour Descartes, la pensée se caractérise par l'immédiateté de la présence à soi : « Par le nom de pensée, je comprends tout ce qui est tellement en nous que nous l'apercevons immédiatement par nous-même et en avons une connaissance intérieure ». - Bergson parle des « données immédiates de la conscience » qui seraient les données élémentaires, premières, connues sans réflexion et donc ineffables : dont on ne peut pas parler, puisque le langage est un médium qui, par définition, supprimerait l'immédiateté.
Monisme
OBJECTIF/SUBJECTIF
OBJECTIF -(1) Ce qui se rapporte à l'objet de la connaissance. Donc, un jugement est objectif s'il ne cherche qu’à se conformer à son objet, sans être influencé par ce qui relève du sujet individuel. - (2) Est donc objectif ce qui ne dépend pas de moi, mais est valable pour tous. Par conséquent, un jugement est objectif s'il est universel, car il entraîne l’accord des esprits entre eux.
SUBJECTIF -(1) Ce qui émane du sujet de la connaissance. (2) Est donc subjectif ce qui dépend de moi ou d'un point de vue particulier. Par conséquent, un jugement n’est que subjectif s'il reflète les passions, les préjugés et les choix personnels d'un sujet. Synonyme de partialité.
Discussion - Le paradoxe de l'objectivité vient du fait que la connaissance objective, qui exige le dépassement de la subjectivité, n'est possible que grâce à cette même subjectivité car il n'y a pas d'objet connu sans sujet de connaissance. Une connaissance indépendante du sujet n'existe donc pas. En ce sens, tout jugement est nécessairement "subjectif" car c'est bien toujours un sujet qui juge. Le problème philosophique se pose donc de déterminer les critères de l'objectivité de la connaissance, là où celle-ci ne peut pas se passe su sujet qui la possède et en juge. Peut-il le sujet juger objectivement de soi-même ?
OBLIGATION/CONTRAINTE/DEVOIR
Le simple mot « devoir » est à la fois l’infinitif d’un verbe (devoir faire telle chose) et un substantif : « le » devoir de faire telle chose. Un décalage pourtant sépare ces deux usages, verbal et substantivé : ce que je « dois » faire n’est pas toujours mon « devoir ». Exprimés par un même «je dois », nous distinguons donc le devoir de la contrainte et de l’obligation.
CONTRAINTE – C'est ce qui me force de l'extérieur, sans que je ne participe en rien, comme sujet de volonté, à cette force qui s'exerce sur moi. Par ex. je me suis cassé une jambe, je "dois" donc rester au lit malgré mon désir de me lever. Dans ce cas je « dois » rester au lit, mais cela n'est certes pas mon « devoir », mais bien une pure contrainte toute extérieure à ma volonté car physique.
OBLIGATION- Dans ce cas aussi, le sujet est "forcé" au détriment de tout penchant ou désir contraire de sa part, mais non pas de sa volonté propre: c'est lui-même qui se force à réprimer ses tendances à ne pas obéir à l'obligation. Par exemple, je profite de la contrainte physique qui m'enchaîne au lit pour réviser car je dois étudier… si je veux mon BAC. Je reconnais dans ce deuxième « je dois » une obligation qui ne provient pas de l’extérieur : elle n’émane que de mon choix personnel de poursuivre mon objectif. Donc, même si là aussi « je dois » étudier, je ne dirai pas pour autant 1) que c'est une contrainte; B) que c’est mon « devoir » de poursuivre tel objectif: je pourrais m'acquitter de mon "devoir" (au sens moral) de toute autre façon.
DEVOIR – C'est une "obligation" bien externe à mes penchants contraires et à laquelle je ne peux obéir qu'en y pettant ma volonté active (comme dans le cas de l'obligation d'étudier SI je veux mon BAC)... mais de plus, sa force de s'imposer ne dépend pas de mon choix arbitraire (par ex.d'avoir mon BAC, mais bien d'une norme universelle et absolue qui me soumet comme sujet humain. Par ex., il se peut bien que dans cet objectif d'avoir mon BAC je voie non seulement une simple "obligation" ne découlant que de propre mon choix délibéré, mais bien mon Devoir d’enfant envers ses parents, à son tour provenant de mon Devoir envers ma Patrie ou Dieu qui me commandent de les honorer. Dans ce cas nous parlons en effet de devoir : un « tu dois » qui s’impose à ma conscience de l’intérieur, certes, mais comme une voix « autre » que la mienne, une voix qui se soumet d’autorité, sur la base d’un certain système de valeurs morales/religieuses mes préférences et mes choix. (morale = système de normes nous prescrivant ce qui est bien et nous interdisant ce qui est mal).
ORIGINE/FONDEMENT
ORIGINE a) Ce qui est premier dans l'ordre chronologique : ce qui est au commencement ou à la source (cf.Principe) d'une réalité, d'un processus ou d'une connaissance. C'est en ce sens qu'on fait des recherches généalogiques pour « retrouver ses origines ».- b) L'origine peut être aussi plus qu'un simple point de départ dans le temps, et expliquer l'existence d'un phénomène en en donnant la cause (cf.) Ainsi, l'origine des espèces, c'est ce qui permet d'expliquer causalement l'apparition des différentes espèces sur terre.
FONDEMENT Le fondement est ce sur quoi un édifice repose. Par analogie, c'est ce sur quoi une connaissance, une théorie repose. Le fondement est ce qui est premier dans l'ordre logique : en mathématique, les fondements sont les axiomes que nous formulons au début (cf.Principe). Le fondement est aussi la raison d'être d'une réalité, la base de son existence (cf.Cause). C'est en ce sens qu'on assigne parfois à la philosophie la tâche de rechercher le fondement de la science ou de la morale, c'est-à-dire les principes qui les justifient, les légitiment.
PERSUADER/CONVAINCRE
PERSUADER – Mener quelqu’un à croire ce qu’on lui dit par une adhésion émotionnelle.
CONVAINCRE c'est obtenir l'assentiment sur la base de preuves ou de témoignages, donc par une adhésion rationnelle. - La conviction est donc soit l'action de convaincre soit l’état de certitude résultant de cette action. Contrairement à la croyance, la conviction s'appuie sur un examen des raisons que l'on a d'adhérer à une thèse. C'est ainsi que l'argumentation philosophique ne débouche pas sur de simples croyances ou opinions mais sur des convictions. Contrairement au plaidoyer, elle ne doit pas persuader mais convaincre.
PRINCIPE/CONSEQUENCE
PRINCIPE – (1) Ce qui vient en premier, ce qui est au commencement (cf.Origine). Ainsi, Condillac par exemple dit que les sens sont "le principe de nos connaissances" parce que toute connaissance commence par les sens. (2) La raison d'être (=cause première) d'un phénomène. Ex.: le « principe vital » = raison d'être de la vie. - (3) Proposition première d'une science ou d'un système qui doit être posée initialement. Ex.: le "Principe du tiers exclu" en logique. Le "Principe d'Inertie" en physique newtonienne. Les Axiomes mathématiques - (4) Ce qui est à l'origine d'une action. Règle de morale. Ex. : « Avoir des principes »
CONSEQUENCE (1) - En logique, conclusion nécessaire d'un raisonnement à partir des principes. - (2) En pratique, résultat d'un acte ou d'une situation.
RÉEL/IDÉAL
RÉEL Du latin res qui signifie la "chose". Est réel ce qui existe en acte, effectivement, par opposition à : ce qui n'existe que dans la pensée, l'imagination ou le langage; ce qui n'est qu'apparent et illusoire; ce qui n'est que possible.
IDÉAL (1) Opposé à réel : objet d’une simple pensée (2) Ce qui est parfait et peut servir de norme ou de modèle. L'« idéalisme », par opposition au « réalisme » est toute doctrine qui ramène l'existence à la pensée. Par ex. Berkeley, qui avec son principe « être signifie être perçu », reconduit tout existant à un sujet pensant qui le conçoit. Est idéaliste également une doctrine, comme celle de Platon, qui affirme l'existence indépendante des « Idées » et qui les considère comme étant de réalités/modèles un ordre supérieur au sensible. Le propre de l'idéalisme est de ne pas admettre que la réalité externe (matérielle, sensible, concrèete) soit la cause de nos représentations: soit qu'il nie cette réalité externe (immatérialisme de Berkeley); soit qu'il nie l'indépendance de la réalité par rapport à l'esprit (phénoménisme de Kant); soit qu'il affirme que leur cause est l'Idée (théorie des Idées de Platon)
RESSEMBLANCE/ANALOGIE
RESSEMBLANCE - Similitude entre des éléments présentant des aspects identiques ET par ailleurs différents. Il y a des degrés de ressemblance, d'un vague « air de famille » à la « similitude » au sens mathématique du terme : deux triangles ayant les mêmes proportion (=le même, mais en plus grand/plus petit-plus rapproché/plus lointaint). Ce qui se ressemble est donc toujours aussi dissemblable, sinon, il y aurait identité. (Cf. Identité / Égalité/ Différence).
ANALOGIE - Au sens large, non technique, une analogie est une vague ressemblance.- Au sens strict, c'est l'égalité du rapport qui unit deux à deux les termes de 2 ou plusieurs couples. Un rapport d’analogie lie par exemple le train, le bateau et l’avion : ce que le train est à la terre ferme, bateau l’est à la mer et l’avion à l’air : ils sont tous les trois un « véhicule de navigation ». Pour cette raison les haut-parleurs nous accueillent dans les trois cas avec un même « bienvenue à bord ».
Le mot vient du grec ana-logos « qui est en rapport avec » ou « proportionnel ». Les mathématiciens l'utilisaient pour désigner la proportion arithmétique : « 2 est à 4 ce que 3 est à 6 » (A : B=C :D) -
Aristote affirme: «J'entends par rapport d'analogie tous les cas où le second terme est au premier comme le quatrième au troisième ». Et en effet, pour qu'on puisse parler d'analogie au sens propre du terme, il faut donc au moins quatre éléments : des couples de termes liées entre elles chacun-à-chacun, sinon, il ne peut s'agir que de ressemblance entre deux termes.
Il n'y a donc pas d'analogie sans ressemblance, mais toutes les ressemblances ne sont pas des analogies. Les ressemblances simplement métaphoriques entre deux choses sont très souvent floues et équivoques. Par exemple: "ce corps en chuse semble se presser d'arriver au sol": affirmons-nous qu'il est anxieux? qu'il en est "contraint" de l'extérieur? Qu'il accélère au fur et à mesure qu'il approche le sol? Au contraire,les rapports analogiques sont précis et rigoureux car en eux se distille la memêté du rapport commun aux deux rapports.
Ainsi, dit Kant, la connaissance par analogie "ne signifie pas, comme on l'entend ordinairement, une ressemblance imparfaite entre deux choses, mais une ressemblance parfaite de deux rapports entre des choses tout à fait dissemblables." (Prolégomènes à toute métaphysique future qui voudrait se présenter comme science #58). Dans notre exemple: "AINSI qu'un corps en chute intensifie son mouvement("se presse") au fur et à mesure qu'il approche le sol, DE MÊME cet enfant joyeux s'élance toujours plus au fur et à mesure qu'il s'approche en courant de sa mère ". Ici "intensifier son mouvement" est "LE MÊME" que "s'élancer toujours plus" en ne signifiant rigoureusement QUE "accélérer", tandis que dans la simple ressemblance métaphorique nous pourrions interpréter le "se presser" du corps en chute comme "être anxieux", "désirer" etc.
RAISONNEMENT PAR ANALOGIE - (a) - Au sens mathématique le raisonnement par analogie permet de calculer la « quatrième proportionnelle « d'un rapport dont on connaît déjà trois des termes.- Exemple : si 2 / 4 = x / 28 alors x = 14.- (b) - Par extension, un raisonnement par analogie consiste à conclure, à partir de la connaissance de la relation qui unit deux termes, une propriété de la relation elle-même qui unit deux autres termes se trouvant dans un rapport semblable.- Exemple : Peuple / Souverain = Troupeau / Berger. Le Souverain serait à son peuple ce que le berger est à son troupeau. Donc le Souverain aurait le-droit-de-vie-ou-de-mort sur ses sujets comme le berger a le droit de vie ou de mort sur ses bêtes. (Analogie critiquée par Rousseau, Du Contrat social, L. I, Ch. II)
Au sens le plus large, un raisonnement par analogie est tout raisonnement qui tire des conclusions en s'appuyant sur des ressemblances entre les objets considérés.
Comme l'EXEMPLE, l'analogie est un procédé d'argumentation. Mais une analogie est plus qu'un simple exemple, car l'exemple nous tient ancrés au concret et au particulier, que nous généralisons mentalement,tandis que l'analogie a la vertu de faire saisir des idées abstraites "derrière" les éléments concrets mis en rapport. C'est donc à la fois un procédé réthorique très efficace, et un procédé scientifique très fertile pour la découverte scientifique de nouvelles structure formelle "iso-morphes". Exemple (la victime au juge): "lorsqu'il m'a menacé, sa voix basse était comme le rugissemnt d'un lion". Ou, la structure du benzène est bouclée comme le serpent Ouroboros" (Auguste Kékulé)
AUTRUI COMME L'ANALOGUE DE MOI-MÊME (l'autre-que-moi COMME un autre-moi) - Comme on ne peut pas percevoir directement les pensées d’autrui ainsi que l’on perçoit son corps, Descartes se sert d’un raisonnement par analogie pour parvenir à la certitude qu'il existe au monde d'autres êtres conscients que lui-même. Le raisonnement est le suivant : (1) Je suis certain de ma propre existence comme être pensant. (Cogito) - (2) Mais je n’accède à mes propres pensées que par mes paroles et les signes où elles s’expriment. - (3) OR j'observe que ceux que j'appréhende comme d'autres hommes (comme moi)aussi s’expriment comme moi. (4) DONC, de même que mes paroles expriment mes pensées, de même je peux raisonnablement croire que leurs paroles expriment aussi leurs pensées.
C'est donc l'existence d'un comportement signifiant (le langage) qui permet à Descartes d'affirmer par analogie l'existence d'Autrui comme être pensant et de sortir de la solitude du cogito: "Il ne s'est toutefois jamais trouvé aucune bête si parfaite, qu'elle ait usé de quelque signe pour faire entendre à d'autres animaux quelque chose qui n'eût point de rapport à ses passions. Inversement, il n'y a point d'homme si imparfait, qu'il n'use aucun signe, en sorte que ceux qui sont sourds et muets inventent des signes particuliers par lesquels ils expriment leurs pensées. Ce qui me semble un très fort argument pour prouver que ce qui fait que les bêtes ne parlent point comme nous, est qu'elles n'ont aucune pensée, et non point que les organes leur manquent » (Descartes, Lettre au Marquis de Newcastle).
ALLEGORIE - Récit imagé construit de façon à représenter des idées abstraites en leur faisant correspondre systématiquement, termes à termes, des éléments d'un domaine concret selon des relations analogiques (au sens étroit ou au sens large). - Dans une allégorie, rien n'est gratuit. Tous les éléments du récit concret renvoient à une signification abstraite et demandent à être interprétés. Par exemple, la Caverne de Platon :allégorie de la condition d’esclavage mental où se trouve l’homme non éduqué
Sophisme
SUBSTANCE/ACCIDENT
SUBSTANCE - Etymologie: sub-stare= "Ce qui est par-dessous", donc le soubassement d'une chose, qui stable démeure en dessous de tous les changements qu'elle subit et qui adviennent (=accident) sur sa "surface".
Lorsque vous percevez le monde vous distinguez immédiatement et très clairement entre les « choses » et leur « propriétés ». Là, vous percevez un tableau qui est blanc, rectangulaire, en métal etc. Dans cet ensemble de notions, vous distinguez nettement entre « tableau » d’une part et « blanc, rectangulaire… » de l’autre part. Et cela car dire « ceci est un tableau » est dire l’"identité substantielle" de cette chose, car s’il se transformait même à ce niveau, au niveau de son ÊTRE un tableau, il deviendrait tout simplement une autre chose, tandis que s’il change de couleur ou de forme il reste tout de même un tableau. - Nous disons alors que « blanc, rectangulaire » etc. sont des simples qualités ou des « accidents », qui peuvent changer à tout moment, tandis que ce à quoi ils appartiennent – ce qui « EST » vraiment chez ce tableau, qui DEMEURE STABLEMENT? est leur "substance ". La SUBSTANCE (sub-stare) est donc le « sujet » (sub-jacere) de ces mêmes accidents et de leurs changements, car « sujet » ou « substrat » vient de sub-jectum : « ce qui placé par-dessous » de ses qualités/changements.
En synthèse, la « substance » est le « sujet », le sub-jectum o sub-strat de ses accidents/changements. Elle est ce qui fait d’une chose la chose qu’elle est (en elle réside son "essence") en demeurant un « sujet » (ou substrat) identique à lui-même pendant le changement éventuel de ses qualités/accidents. - La substance/sujet est donc pour Aristote ce qui "est" à la base de tout ce qui devient, se transforme, coule et se dissipe.
EN THEORIE/EN PRATIQUE
EN THEORIE = d'un point de vue purement « spéculatif », d’une pure pensée n’ayant à faire qu’à des considérations abstraites et dégagées de toute « dette » de réalisabilité effective, de praticabilité concrète. EN PRATIQUE = du point de vue concret d’une action effectivement menées, et donc génératrice de résultats.
TRANSCENDANT/IMMANENT
TRANSCENDANT - Signifie « qui dépasse », « qui va au-delà » ou qui est à l'extérieur du domaine considéré. - Le « Transcendant » peut être aussi considéré cette Réalité supérieure (par ex. Dieu) qui dépasse nos forces de l’atteindre tout seuls.
IMMANENT - Par opposition au transcendant, ce qui est accessible (l’ici-bas, la réalité « terrestre »), et en général tout ce qui est du même niveau ou interne au domaine considéré : par exemple, selon la théologie biblique les « lois de l’Histoire » (les forces qui meuvent les humains) s'oroginent dans les plans de Dieu. Elles sont donc transcendantes par rapport à la réalité terrestre de l’Homme qui en est gouverné (providentialisme). A l’opposé, pour Marx elles sont immanentes – internes – à la réalité terrestre et « matérielle » de l’homme, qui est intérieurement animée par une force « dialectique » propre à la vie de sa conscience.
Transcendantal
UNIVERSEL/GENERAL/PARTICULIER/SINGULIER
UNIVERSEL A) Qui est valable dans l' « Univers » tout entier. - B) Qui ne souffre aucune exception, car il exprime une norme, voire une « loi » entendue comme force contraignante, naturelle ou humaine : la « Gravitation Universelle » est une loi/force qui « oblige » les corps physique à certaines façons de bouger. La « Déclaration Universelle des Droits de l’Homme » se veut comme norme absolue, « en principe » contraignante pour toute législation « positive ».- C) Qui concerne de fait tous les éléments d'une classe. En logique classique, une proposition « universelle » est une proposition dont le sujet est pris universellement, c'est-à-dire dans toute son extension. Ex. « Tous les hommes sont mortels » : c’est un fait, car « en principe » un homme immortel est possible. - D) Universalité stricte (strictement nécessaire) : qui concerne tout les élément d’un classe « a priori », sans possibilité d’exception. Ex. « Tous les triangles ont 3 côtés » : ce n’est as possible d’imaginer une ecception.
GENERAL - A) Qui s'applique à une majorité donnée de cas ou de personnes, si bien que l’on pense à « tous/toutes » ou « on ». « C’est de l’avis général que l’on fasse ainsi ». « Il est généralement considéré comme acquis que… = tout Homme de bon sens pense ainsi… ». - B) Par abus de langage, synonyme d'universel. Donc, pas confondre par ex. un « jugement universel » (« Tous les hommes sont mortels » , OBJECTIF) et un « avis général » = une opinion répandue chez les gens (« Tous les hommes ne sont pas bons » SUBJECTIF)
PARTICULIER - A) Qui appartient en propre à un individu (dans ce cas, synonyme de singulier) ou à une classe restreinte d'individus. Donc, en logique classique, une « proposition particulière » est une proposition dont l'extension du sujet est restreinte à une partie de ses membres. Ex.: « Quelques hommes sont grands ».
SINGULIER - A) Ce qui est unique.- B) Ce qui est un individu. Donc, en logique classique, une « proposition singulière » est une proposition dont le sujet est singulier. Ex.: « Socrate est un homme ».