Sous la poussée du magnifique enthousiasme de tous mes élèves pour le YOGA(NEURO)-PHILO, j'ai proposé cette activité comme PROJET D'INNOVATION DIDACTIQUE ET PEDAGOGIQUE au portail INNOVATHEQUE du Rectorat qui, après l'avoir examiné, est venu enthousiaste assister à mes scéances car très favorable à sa réalisation.
PAR ACCLAMATION - comment le dire autrement - le YOGA-(NEURO)PHILO - fait son entrée au lycée.
Chers élèves, de même René Descartes, qui profite bien des troubles de la guerre pour atteindre la plus sublime des paix contemplatives en s’auto-confinant dans une chambre solitaire – et bien réchauffée - d’Amsterdam1, de même la guerre actuellement conduite, selon les mots du Président de la République, contre l’Envahisseur Invisible qui frappe la Planète, nous pousse à d’autant plus cheminer sur la Voie Royale de la CON-TEMPLATION (= se con-centrer dans un temple) c’est-à-dire du « DHARANA».
Le tout premier jour, sur la base de votre préalable parfaite connaissance de la nature du YOGA, je vous ai présenté la pratique de la « méditation », en général, comme « mettre son esprit en présence d’une posture bizarre de son être ». Pour tout de suite identifier la nôtre comme « DHARANA » (premier échelon de la suite purement mentale dharana/dhyana/samadhi)
Je vous ai alors expliqué cela même qui devient d’une IMPORTANCE VITALE pour nous tous, à cette époque de re-confinement. C’est-à-dire que pour que notre esprit sache parvenir à cette calme et bien assurée présence à soi-même qui à vos yeux fait l'essence du YOGA, il faut qu’il apprenne à SE TENIR, à DÉMEURER STABLE face à la « posture bizarre » (soit-elle du corps (ASANA) ou du mental (CONCEPT PHILO)) à laquelle il choisit de faire face.
Dans le tableau ci-dessus, le croquis apparaît où j'ai noté "CELLULE" -->PRISON/MONASTERE. - J’ai en effet tenu à ce que vous imaginiez quel effort est demandé au corps du yogin (un « moine » du YOGA) pour « S’ENCHAÎNER » dans la posture du « lotus ». Si bien qu’une seule réalité d'enfermement – la « CELLULE » - peut se trouver tant dans une PRISON que dans le MONASTERE où le moine se CONFINE pour parvenir à sa maîtrise de soi.
Or cela correspond parfaitement à la définition que Patanjali donne de "DHARANA" (=CON-TEMPLATION), qui en sanskrit sonne «Desha bandash cittasya où DESHA2 = CELLULE, LIEU CLOS, AIRE LIMITÉE - BANDHASH3= EMPRISONNEMENT, CONFINEMENT - CITTA 4 = CONSCIENCE, ESPRIT, MENTAL
Moralité. Ce re-confinement (=DHARANA pour tous les français!) chers élèves, vous donne le choix: soit vous êtes des prisonniers enchaînés par des circonstances immaîtrisables qui font de vous des êtres captifs-et-passifs, soit vous réalisez dans votre esprit que nulle liberté ne sera jamais possible pour une personne qui ne veut pas - d'elle-même, et en totale autonomie - se considérer libre, où que la vie situe l'endroit, le temps et la modalité de son YOGA!
Depuis toujours, la philosophie-pour-de-vrai se fait de DEUX façons à la fois: d'un côté la théorie, comme spéculation abstraite sur la nature et la structure des choses - celle que ci-dessous - dans le Bagavad-gita - Krisna appelle "la connaissance selon le samkhya" (=théorique); de l'autre l'imprégnation, l'incorporation de ses principes par le philosophe déterminé à les mettre en pratique, celle que Krisna appelle la "connaissance selon le yoga":
« Tu as reçu de Moi (Krisna) jusqu'ici, la connaissance selon le SAMKHYA. Reçois maintenant, ô Arjuna, cette connaissance selon le YOGA qui permet d'agir sans être lié à ses actes. Quand cette intelligence te guidera tu pourras briser les chaînes du karma » (Bhagavadgita II, 39)
Ceci est vrai pour toutes les écoles de sagesse qui se sont succédées dans l'histoire. Ainsi, les Bouddhistes pratiquent le Mahasatipattanasutta - le "Grand Discours" (maha-sutta) très dense et succint de pratique méditative visant l'"établissement de l'attention" (sati-pattana) - ; les Stoïciens quant-à eux se promenaient avec dans la poche le Manuel d'Epictète; les moines du Haut Moyen Âge ont fait la nouvelle Europe en pratiquant (en en faisant pratiquer) la Règle de Saint Benôit; puis cela sera le tour de l'Intinéraire de l'âme à Dieu", de Saint Bonaventure, ou encore ensuite les "Exercices spirituels "...pour se vaincre soi-même et régler sa vie sans se déterminer par aucune affection désordonnée" de Ignace de Loyola etc. etc. etc.
René Descartes se trouve en pleine continuité avec cette double démarche de notre intelligence philosophique (son Discours de la Méthode "...pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans la science", ses Règles pour la direction de l'esprit pour "le diriger de manière à ce qu’il porte des jugements solides et vrais sur tout ce qui se présente à lui" sont bel et bien des "manuel" de ce type). Et il en partage un principe fondateur: il n'y a pas moyen que j'arrive à conduire mes actions de tous les jours en cohérence avec mes pensées (principes, objectifs, désirs...) si tout d'abord je n'arrive pas à conduire mes pensées en cohérence avec elles-mêmes.
Cela signifie avoir compris que c'est en premier lieu sa propre pensée purement théorique (sans objectifs pratiques dans l'immédiat) que le sujet se doit de "bien conduire", S'IL VEUT ATTEINDRE SES CIBLES (N'IMPORTE LESQUELLES).
La pensée contemplative devient alors elle-même une "pratique" visant à une réelle incorporation, de la part du sujet, des principes (cohérence, pleine acceptation des faits tels qu'ils se présentent (probité), rigueur et non ambiguïté/obscurité du langage...) que jusqu'à présent nous nous étions bornés à vaguement deviner (et encore) par des lueurs occasionnelles, papillonantes et distraites de notre esprit, toujours occupé ailleurs.
C'est pour cette raison qu'à l'entrée de ses Méditations Métaphysiques Descartes previent le lecteur sur la nature à la fois "samkhya" et "yoga" de son texte:
« Je ne suis pas un auteur pour tout le monde, mais seulement pour ce qui peuvent et veulent sérieusement méditer avec moi, détacher l’esprit des sens ainsi que de tous les préjugés, lesquels je sais qui ne sont qu’en fort petit nombre. - Mais pour ceux qui , sans se soucier beaucoup de l’ordre et de la liaison de mes raisons, s’amuseront à syndiquer et épiloguer sur chacune des parties, comme font plusieurs, ceux-là, dis-je, ne feront pas grand profit de la lecture de ce traité »
Vous les reconnaissez? ..."ceux qui , sans se soucier beaucoup de l’ordre et de la liaison de mes raisons, s’amuseront à syndiquer et épiloguer sur chacune des parties, comme font plusieurs...": bonjour le Système 1! Bonjour les accoucheurs de vent de Plutarque!. Et ça, il me semble, vous les acclamateurs-du-yoga ne l'aimez pas tout à fait... d'où votre plébiscite.
Comme Premier Mouvement de notre YOGA-(NEURO)PHILO nous nous apprêtons dès lors à "méditer avec Descartes".
Au fait, confronté à une telle impressionante convergence d'intentions de votre part, et sur un but ô combien noble et vénérable, j'ai pensé, chers élèves, de reprendre "selon le YOGA" tout ce que nous avons déjà travaillé "selon le SAMKHYA" autour de la Conscience et de la Substance.
Mes croquis au tableau, ma façon d'agencer les mots d'explication ont d'ailleurs ciblé, dès le début, cette pleine compréhension que seule une fixation méditative des concepts peut garantir. Donc, ces mêmes CROQUIS ET FORMULES que vous avez déjà notés en classe vont nous servir comme SUPPORTS DE MEDITATION. Objectif: produire dans son esprit cette capacité à la fois d'ECOUTE - en "conception-germination" (Plutarque) - et de COHERENCE LOGIQUE - en "enfantement": lorsqu'il s'agit de les exprimer - qui sont la clé de voûte pour réussir non seulement l'Explication de texte et la Dissertation au BAC, mais carrément dans la vie.
Or, étant donné le titre que j'ai choisi pour cette page (YOGA-(NEURO)PHILO) il est bien d'établir tout d'abord le Triple Principe Fondateur de toute méditation visant la connaissance:
1 Le Principe de Probité (Nietzsche): on se tient rigoureusement à ce qu'on a devant soi, sans le DEPASSER par nos interprétations, en nous laissant tenter par notre désir que son sens soit celui que nous souhaiterions. Par exemple, Nietzsche accuse Descartes d'avoir dépassé, d'être allé arbitrairement au delà de ce qui était devant lui lorsque, en présence d'un "cogito" dans sa TÊTE (son corps physique) il ne s'est pas borné à constater "je suis un corps pensant", mais a prétendu dépasser ce même corps et parler d'une ÂME qui, SANS corps, pourrait néanmoins penser.
2 Sauver les Phénomènes (Platon): si l' on ne dépasse pas par nos propres projections arbitraires ce qui se manifeste (="phénomène") à notre conscience/perception, on ne l'EFFACE non plus. Le "phénomène" est là devant nos yeux et sa présence telle qu'elle est doit être sauvegardée coûte que coûte. Par exemple, ce même Nietzsche si faché avec Descartes et son âme-sans-corps, se fache même plus avec les savants "matérialistes" qui prétendent DISSOUDRE, effacer le phénomène de la pensée en l' "expliquant" en termes de matière-non-pensante.
3 Suspension du Jugement ou "ÉPOKÉ" (Descartes). Dans son célèbre L'Art de la Guerre, Sun-Tzu écrit "reste immobile et silencieux comme un esprit de la terre jusqu'à ce que l'ennemi n'ait pas clairement montré sa forme". De même nous: que la bavardise de notre Système 1 soit maîtrisée: que notre compulsion à tout savoir juger (=identifier) dans l'instant soit contrôlée par notre Système 3, jusqu'à ce qu'un raisonnement (Système 2) logiquement impeccable n'ait fondé un jugement fiable à son égard. Par exemple: face aux deux évidences contraires que 1) toute pensée que nous avons devant nous s'accompagne de notre tête physique (nous n'avons jamais eu à faire à une pensée dans l'absence de notre corps, même pas en rêve); et 2) que notre pensée N'EST AUCUNE DES PARTIES DE NOTRE CORPS... alors nous EVITONS de trancher sur ce "PROBLEME" (selon notre définition de "problème" en méthodologie) car pour l'instant nous n'en savons rien. Nous restons alors en silence et calmes - SANS JUGER - jusqu'au moment une solution possible n'aura "montré sa forme"
Ainsi équipés, nous interpellons premièrement la POSTURE FONDAMENTALE du méditant cartésien, lorsqu'il "ferme ses yeux, bouche ses oreilles, rappelle à soi tous les sens" (IIIe Med.) pour se siriger sur soi-même et se rendre plus connu à ce même "soi-même" de ce qu'il ne l'était auparavant. Cette posture est celle de la "MENS IN SE CONVERSA" qui chez Patanjali s'appelle "PRATYAK-CETANA"
Cette posture "centripète" est le contraire rigoureux de la posture que les hommes/femmes ont d'orinaire aujourd'hui, et qui est celle de la DISPERSION CENTRIFUGE du mental/corps - "VIKSEPA, PARANGACETANA" : la fuite acharnée-de-soi-même, à travers un usage aveugle et refracté de tous nos sens (déconnectés entre eux) que nous projetons vers l'extérieur dans le but précis de n'être jamais et en aucun cas auprès de nous-mêmes, conscients, présents à ce que nous faisons.
C'est de cela que nous avons précisément parlé en ARGENT le 9 octobre lors de mon "enquête" sur la conception que cette classe a du YOGA. On en est venu à être bien d'accord que le Yoga est "UNIFICATION HARMONIEUSE" de soi-avec-soi à travers une harmonisation corps-esprit, par là même porteuse de PAIX. Les mots utilisés par les élèves eux-mêmes ont été "se concentrer", se "recentrer", "se retrouver" etc.
Or, pour rendre sensible que l'outil majeur de cette harmonisation pacificatrice est la CON-CENTRATION, la direction centripète de toutes nos énergies, j'ai dessiné au tableau un bouddha méditant en posture de LOTUS (ce qui demande un sacré effort physique et des annés d'entrainement au gymnase) et un adepte du "FITNESS" ("to fit"= être-bien-dan-sa-propre-forme= (Patanjali)"SVA-RUPA") qui en salle de sport fait du cyclisme sur place (donc lui aussi en "dharana",sans se déplacer d'un millimètre de sa "cellule"):
L'adepte de fit-ness sur son vélo immobile trouve un écran devant soi (sur le guidon du vélo), un/plusieurs autre(s) écran(s) à tous les coins de la salle, dont l'air est en permanence rempli de radio-qui-résonne-bavarde; ce à quoi l'adepte ajoute ses écouteurs. La fonction éminente de cette multiplicité d'émetteurs de stimulis sensoriels est que l'adepte puisse s'en servir pour NE PAS être auprès de soi = de son corps qui s'entraîne, car cela coïnciderait avec l'ENNUI le plus mortel: son corps n'ayant RIEN à lui dire d'intéressant. Cette posture de tout son être s'appelle chez l'homme ordinaire "PARANGACETANA" ou "VIKSEPA": dispersion/fragmentation complète de soi-même. Nos sens nous servent uniquement pour se faire capter par l'extérieur, pendant que notre esprit papillonne partout-et-nullepart.
Le contraire se passe chez le méditant qui s'immobilise dans une ASANA (posture) qui ne saurait être atteinte sans un exercice très dur et demandant toute son attention. Les yeux fermés, le silence - ou de la musique adéquate - autour de lui, sa posture mentale est celle de la MENS IN SE CONVERSA - l'esprit dirigé sur soi même: PRATYAKCETANA. Mais pas que l'ESPRIT! Dans cet état ce sont les SENS EUX-MÊMES que le méditant écoute, attentif aux messages qui leur parviennent DE L'INTERIEUR de son être. Car TOUS NOS 5 SENS captent non seulement le monde environnant EXTERNE, mais aussi notre ENVIRONNEMENT INTERNE. Notre toucher sent notre chair de l'intérieur (par ex. quand ça fourmille); notre vue passe son temps à "visualiser" des situations lorsque nous désirons, craignons, imaginons...; notre ouïe rétentit sans cesse de notre propre voix; notre goût peut devenir amer; notre nez peut nous communiquer que telle situation "sent mauvais"...
Voici le schéma que de cet usage "centripète" de nos sens propose Jacque De Coulon dans son "Imagine-toi dans la Cavarne de Platon":
Il faut alors bien prendre conscience non seulement de notre COGITO (pensée qui se pense elle-même) mais aussi de cette permanente activité de PROPRIO-CEPTION (perception interne de soi-dans-son-corps) car c'est TOUT UN MONDE (NOUS-MÊMES) qu'elle va nous faire découvrir, si seulement nous arrêtons de fuir de nous-même pour nous disposer en PRATIAKCETANA.
Cherchons maintenant le sens de ce fameux troisième oeil que la brain imagery nous a montré s'illuminer lors de tout effective activité de pensée. De quoi est-il "fait" au juste???
Ce que nous allons faire est ENGENDRER UNE A-PORIE, une "PROBLEME" ayant la forme "A"... et pourtant aussi "NON-A"... selon nos buts de méthodologie dissert.
Lorsqu'en parlant de la nature "purement intérieure" du phénomène de la subjectivité j'ai affirmé que ma conscience n'est pas "dans ma tête" (où il n'y a que la matière de mon cerveau) mais bien "dans moi", Yvon a riposté : "Mais, où alors??? Vous êtes d'accord que c'est le cerveau qui réflechit!" - Et moi de contre-riposter: "Et bien non cher Yvon! (Madame la PROBITÉ et Madame la Grammaire Française prétendent que) je réfuse de m'approprier les paroles des bandes dessinnées pour parler de choses si importantes...
Que je dise plutôt, tout simplement, "Yvon réfléchit (s'il parvient à maîtriser son Système 1!) AVEC son cerveau, de même qu'il marche AVEC ses jambes (je ne dis pas: "c'est les jambes qui marchent"!). D'autre part, je SAUVE LES PHÉNOMÈNES en constatant que la seule manière connue pour que notre cerveau mette ses énergies dans le cortex préfrontal plutôt que les laisser dans l'arrière-garde des automatismes neuronaux, est que NOUS REFLECHISSIONS en (ô combien) pleine présence de nous-mêmes!
Or c'est bien ce simple CONSTAT qui, dans ce cas, nous demande un effort de YOGA. Quel constat au juste? Le constat que pour N'IMPORTE QUELLE PARTIE DE NOTRE CORPS - et donc pour le CORPS lui-même, en sa totalité - vaut bien ce que nous venons de dire pour les jambes et le cerveau: CE N'EST AUCUNE des parties de notre corps qui fait "elle-même" ce que NOUS faisons AVEC elle. Donc, nous ne sommes AUCUNE des parties de notre corps, ni le corps lui même en sa totalité: nous en sommes distincts et nous pouvons le contempler comme de l'extérieur. Cette méditation achève donc celle que nous faisons au début de nos cours :"voilà mes pieds... je ne suis pas mes pieds, voilà mes jambes, je ne suis pas mes chambes" etc.
Elle est appelée, dans le Mahasatipattanasutta "kayanupassana": "contemplation du corps en tant que corps":
Quelles sont les quatre bases de l’attention (SATI)? - Voici, ô bhikkhu (moine)! Premièrement, un bhikkhu demeure dans la contemplation du corps en tant quecorps. Résolu, avec claire compréhension, observant attentivement et ayant écarté la convoitise et les soucis liés au monde. [...] - Ainsi il demeure stable, considérant le corps intérieurement. Et il demeure considérant le corps extérieurement. Il demeure considérant le corps intérieurement et extérieurement. Il demeure considérant l’apparition des choses dans le corps; il demeure considérant la disparition des choses dans le corps ; il demeure considérant l’apparition et la disparition des choses dans le corps.Et il se dit donc: " Voilà le corps". Cette introspection est présente à lui, seulement pour la connaissance, seulement pour la réflexion, et il demeure libéré et ne s’attache à rien dans le monde. C’est ainsi, aussi, ô bhikkhu, qu’un moine demeure considérant le corps".
A-PORIE: "A" - Dans la PREMIERE PARTIE de cette méditation, il s'agit donc de parcourir-et-reparcourir son propre corps en faisant le "scan" de ses parties, en s'en distinguant à chaque fois (je ne suis pas ci (pied), je ne suis pas ça (main)) jusqu'à arriver à ressentir la différence entre soi ("moi/je") et son corps en sa totalité: "voilà mon corps; JE NE SUIS PAS MON CORPS ("A")".
A-PORIE: "...et pourtant NON-A" - Dans la DEUXIEME PARTIE de cette méditation il s'agit de réaliser que, même si "je ne suis pas mon corps" ("A")...Je ne puis pas par là-même prétendre pouvoir penser SANS cerveau! Au fait, lorsque je me saisis pensant ("me voilà je pense") et qu'en suivant mon "scan" je constate que "je ne suis pas mon corps...
(1)...et bien force est que je constate AUSSI que, tout de même, je suis bien incarné! Moi, suis là, assisi sur ma chaise, en train de penser, AVEC/EN COMPAGNIE DE MON CORPS!
(2) D'ailleurs, pourrais-je même seulement m'imaginer existant de façon totalement "immatérielle"? ESSAYEZ-LE! c'est là, la deuxième partie "YOGA" de notre A-PORIE: "Je cherche à m'imaginer moi-même déporvu de TOUT ASPECT MATERIEL: j'ôte toute couleur, tout volume, toute forme forme étendue dans l'espace.... je ne suis nulle part dans l'espace (car pour cela il faut être un corps doué de volume)..." etc.
Faites-le
Constat final: INIMAGINABLE ET IMPENSABLE. DONC: JE NE SUIS NON PLUS PAS-UN-CORPS("NON-A")
Maintenant, vous n'avez qu'à souder dans votre esprit ces deux évidences contraires: toutes les deux - A et NON-A - en même temps... et notre méditation se sera bien achevée sur un état d' A-PORIE"... de pure et simple interrogation étonnée, qui sait calmement attendre(SYSTEME 3), pour gentiment se bouger vers une raisonnement qui en soit vraiment un (SYSTEME 2)... c'est à dire une "dicussion de soi-avec-soi" à la recherche d'une solution possible: la DISSERTATION!
"Phénoménologie" signifie l'indéniable manière-de-se-manifester d'une chose, quoi qu'il en soit de sa "nature", qu'en l'occurrence nous ne connaissons pas. Par exemple: même si nous pensons que la nature de l'amour est de faire du bien et rendre heureux, il n'y a pas d'amour sans, tôt où tard, chagrin-d'-amour. Quoi qu'il en soit de la nature effective de l'amour (son essence, sa fonction...) il est donc indéniable que dans sa phénoménologie - sa façon de se présenter, se manifester - il fait très mal.
De même, il y a des traits de la conscience que personne ne peut récuser: sa "phénoménologie" nous les impose quoi qu'il en soit de sa nature, de son rôle chez l'animal homme etc.
Le croquis ci-dessous (que mille fois j'ai dessiné en classe) est un PREMIER support très utile pour rendre compte des éléments fondamentaux de la conscience "en sa phénoménologie". Le cercle qui y apparaît avec son contenu est aussi rigoureux et valide qu'un cercle géométrique sur lequel on fait une démonstration. Il est donc bien de se le fixer en mémoire
Dans le cercle de droite, on voit le symbole "R"= représentation=objet-pour-un-sujet. On voit aussi que le sujet (l'oeil de la conscience) est lui-même toujours suceptible de "monter sur scène""à côté" de l'objet représenté (à la difference de l'oeil physique, qui ne peut pas se voir soi-même). Cela fait de l' "écran" de la conscience toujours aussi un miroir où le sujet peut se voir comme objet-pou-soi à travers une certaine représentation-de-soi-même. Et finalement, on voit que ce système de rapports sujet-objet toujours potentiellement réflechissants grâce à la "représentation" (d'un objet ou de soi-comme-objet) baigne dans un éther qui remplit tout: celui de la "pensée", qui se fait au fur et à mesure "perception", "imagination", "sensation", "rêve" etc.
1 De l’endroit où il conduisit ses méditations, Descartes nous raconte :
« Il y a justement huit ans que ce désir [de finaliser et rendre publiques ses découvertes dans le domaine de la métaphysique] me fit résoudre à m'éloigner de tous les lieux où je pouvais avoir des connaissances, et à me retirer ici, en un pays où la longue durée de la guerre a fait établir de tels ordres, que les armées qu'on y entretient ne semblent servir qu'à faire qu'on y jouisse des fruits de la paix avec d'autant plus de sûreté, et où, parmi la foule d'un grand peuple fort actif, et plus soigneux de ses propres affaires que curieux de celles d'autrui, sans manquer d'aucune des commodités qui sont dans les villes les plus fréquentées, j'ai pu vivre aussi solitaire et retiré que dans les déserts les plus écartés »