« Mon cher ami, les prêtres du temple de Jupiter de Dodone disent que les premières prophéties venaient d'un chêne : ces hommes antiques n'étaient pas si savants que vous autres modernes, et ils consentaient bien, dans leur simplicité, à n'écouter qu'un chêne ou une pierre, pourvu que le chêne ou la pierre dît vrai. Toi, tout au contraire, tu demandes quel est celui qui parle et d'où il est : tu n'examines pas seulement si ce qu'il dit est véritable ou faux » [Platon, Phèdre].
"Je regarde l'idiome hébraïque renfermé dans le Sépher comme une branche transplantée de la langue des Égyptiens. Il me semble que le simple bon sens doit suffire ici : car, de quelque manière que les Hébreux soient entrés en Égypte, de quelque manière 'qu'ils en soient sortis, on ne peut nier qu'ils n y aient fait un fort long séjour. Quand ce séjour ne serait que de quatre à cinq siècles, comme tout porte a le croire; je demande de bonne foi si une peuplade grossière, privée de toute littérature, sans institutions civiles ou religieuses qui la liassent, n'a pas du prendre la langue du pays où elle vivait; elle qui e transportée à Babylone, seulement pendant soixante dix ans, et tandis qu'elle formait un corps de nation, régie par des lois particulières, soumise à un culte exclusif, n'a pu conserver sa langue maternelle, et l'a troquée pour le syriaque chaldaïque ; car on sait assez que l'hébreu cessa d'être la langue vulgaire des Juifs…"[Fabre d’Olivet, La langue Hébraïque restituée]
«Le renom des Romains parvint aux oreilles de Judas c'étaient de vaillants guerriers, bienveillants envers tous ceux qui se rangeaient à leurs côtés, accordant leur amitié à tous ceux qui venaient à eux, et c'étaient de vaillants guerriers.
On lui raconta leurs guerres et les exploits qu'ils avaient accomplis chez les Galates, qu'ils les avaient vaincus et les avaient soumis au tribut, et tout ce qu'ils avaient fait dans la province d'Espagne pour s'emparer des mines d'argent et d'or qui s'y trouvaient, comment ils s'étaient emparés de ce pays grâce à leur habileté et à leur persévérance-en effet, l'endroit était fort éloigné de chez eux ; il en avait été de même des rois venus des extrémités de la terre pour les attaquer, ils les avaient écrasés, leur infligeant un grand désastre, tandis que les autres leur payaient un tribut annuel ; enfin, ils avaient battu Philippe, Persée, roi des Kitiens, ainsi que ceux qui s'étaient dressés contre eux, et ils les avaient soumis.
Antiochus le Grand, roi de l'Asie, qui s'était avancé contre eux pour les combattre avec cent vingt éléphants, de la cavalerie, des chars et une armée très nombreuse, avait été défait par eux et, capturé vivant, il lui avait été imposé, à lui et à ses successeurs, le paiement à termes fixes d'un lourd tribut et la livraison d'otages. On lui enleva le pays indien, la Médie, la Lydie et quelques-unes de ses plus belles provinces au profit du roi Eumène. Ceux de la Grèce décidèrent d'aller les exterminer. Les Romains, ayant su la chose, envoyèrent contre eux un seul général, leur firent la guerre, et il tomba parmi les Grecs un grand nombre de victimes, leurs femmes et leurs enfants furent emmenés en captivité ; les Romains pillèrent leurs biens, soumirent leur pays, démantelèrent leurs forteresses et les réduisirent à une servitude qui dure jusqu'à ce jour.
Ils avaient aussi détruit et asservi les autres royaumes et les îles qui leur avaient résisté, mais à leurs amis et à ceux qui se reposent sur eux, ils ont gardé leur amitié. Ils ont soumis les rois proches ou lointains, et tous ceux qui entendent leur nom les redoutent. Ceux-là règnent, qu'ils estiment dignes de régner et de recevoir leur concours, mais les autres, ils les déposent. Ils sont à l'apogée de leur puissance.
Malgré tout cela, aucun d'entre eux n'a ceint le diadème, ni revêtu la pourpre pour s'élever par elle. Ils se sont donné un sénat où tiennent conseil chaque jour trois cent vingt membres qui délibèrent en permanence des affaires du peuple, afin d'en assurer le bon ordre. Ils confient chaque année à un seul homme la charge de les gouverner et la domination sur tout leur empire, et tous lui obéissent, à lui seul, sans aucune envie ni jalousie.
Judas choisit Eupolème, fils de Jean, fils d'Akkôs, et Jason, fils d'Eléazar, et les envoya à Rome, pour conclure amitié et alliance, et faire ôter leur joug, car ils voyaient que le royaume des Grecs réduisait Israël en servitude.Ils partirent pour Rome-le chemin était très long-et, entrés au Sénat, ils prirent la parole et dirent : « Judas Maccabée, ses frères et le peuple juif nous ont envoyés vers vous pour conclure avec vous alliance et paix, et pour être inscrits au nombre de vos alliés et de vos amis. » La chose leur plut.
Voici la copie de la lettre qu'ils gravèrent sur des tables de bronze et qu'ils envoyèrent à Jérusalem pour y être un mémorial de paix et d'alliance.
« Prospérité aux Romains et à la nation des Juifs, sur mer, sur terre à perpétuité ! Loin d'eux l'épée et l'ennemi. Mais si une guerre menace Rome la première ou l'un de ses alliés dans n'importe quel lieu où s'exerce sa domination, la nation juive combattra avec elle de tout cœur, selon ce que lui dicteront les exigences du moment. Comme Rome en a décidé, ni blé, ni armes, ni argent, ni vaisseaux ne seront donnés ou prêtés aux belligérants et ils tiendront leurs engagements sans rien recevoir en retour. De même, si une guerre touche d'abord la nation des Juifs, les Romains combattront avec elle de toute leur âme, selon ce que leur dicteront les exigences du moment. Il ne sera donné à leurs adversaires ni blé, ni armes, ni argent, ni vaisseaux, comme Rome en a décidé, mais ils tiendront leurs engagements loyalement. C'est en ces termes que les Romains ont fait un pacte avec le peuple juif. Si, dans l'avenir, les uns ou les autres décident d'ajouter ou de retrancher quelque chose, ils le feront à leur gré et toute addition ou suppression sera valable de plein droit. « Au sujet des maux dont le roi Démétrius les a accablés, nous lui avons écrit en ces termes : « Pourquoi as-tu fait peser ton joug sur les Juifs, nos amis et alliés ? Si donc ils t'accusent encore, nous soutiendrons leur cause et nous te combattrons sur mer et sur terre. » [Bible, 1 Maccabées 8]
« Jonathan, voyant que la conjoncture lui était favorable, choisit des hommes qu'il envoya à Rome pour confirmer et renouveler l'amitié avec les Romains. Il adressa encore des lettres analogues à Sparte et ailleurs. Ils allèrent donc à Rome, furent introduits au Sénat où ils s'exprimèrent en ces termes : « Jonathan, le grand prêtre, et la nation des Juifs nous ont envoyés renouveler l'amitié et l'alliance avec eux comme elle existait antérieurement. « Le Sénat leur donna des lettres pour les autorités de chaque pays, afin qu'ils soient acheminés en paix vers le pays de Juda. Voici la copie de la lettre de Jonathan aux Spartiates : «Jonathan, grand prêtre, le Sénat de la nation, les prêtres et le reste du peuple juif, aux Spartiates leurs frères, salut. Autrefois déjà, une lettre fut envoyée au grand prêtre Onias de la part d’Aréios qui régnait sur vous, attestant que vous êtes nos frères, comme en témoigne la copie ci-dessous. Onias reçut l'émissaire avec honneur et prit la lettre où il était clairement question d'alliance et d'amitié. Ainsi nous, quoique n'ayant pas besoin de ces choses – les livres saints qui sont entre nos mains sont en effet notre consolation – nous avons tenté d'envoyer quelqu'un renouveler l'alliance et l'amitié, avant que nous ne devenions des étrangers pour vous , car beaucoup d'années ont passé depuis que vous nous avez envoyé une délégation. Nous ne cessons, en tout temps, de nous souvenir de vous aux fêtes et aux autres jours fériés, dans les sacrifices et les prières, ainsi qu'il est juste et convenable à l'égard de frères. Nous nous réjouissons de votre gloire. Quant à nous, nous avons été assaillis d'épreuves et de guerres, et les rois d'alentour nous ont combattus. Nous n'avons pas voulu vous importuner, vous et nos autres alliés et amis, à propos de ces guerres. Pour nous aider, nous avons en effet un secours qui nous vient du Ciel et nous avons été délivrés de nos ennemis, et ceux-ci ont été humiliés. Nous avons donc choisi Numénius, fils d'Antiochus, et Antipater, fils de Jason, et nous les avons envoyés auprès des Romains pour renouveler avec eux notre amitié et notre alliance antérieures. Nous leur avons aussi enjoint d'aller chez vous, de vous saluer et de vous remettre notre lettre au sujet du renouvellement de l'alliance et de nos liens de fraternité. Veuillez donc nous répondre à ce sujet. » Voici la copie de la lettre envoyée à Onias : « Aréios, roi des Spartiates, à Onias, grand prêtre, salut. On a découvert dans un texte sur les Spartiates et les Juifs qu'ils sont frères et qu'ils sont de la race d'Abraham . Maintenant que nous savons cela, il serait bon de nous écrire au sujet de votre prospérité. Nous vous répondons quant à nous : vos troupeaux et vos biens sont à nous et les nôtres seront les vôtres. En conséquence, nous ordonnons que cela vous soit annoncé. » [Bible, 1 Maccabées 12]