Quatre femmes sont en danger de vie (Kill Bill, Parle avec Elle, Le tigre et le Dragon) mais seulement trois d'elles survivent et resurgissent: la femme-torero meurt, tandis que la douce danseuse est réveillée par une grossesse dont elle ne sait ni jamais ne saura rien. L’épée des femmes est désormais tirée du fourreau, mais la victoire n’est pas destinée à la mieux entraînée. D'autre part, si la guerrière/meurtrière Renard de Jade meurt, en hurlant sa haîne féminine contre le moine Li Mu Bai (« Ton maître méprisait les femmes !! certainement il aurait couché avec moi, mais il ne m’aurait jamais donné ses enseignements... il méritait de mourir par la main d’ une femme !! ») Jane, la femme/soldat de Ridley Scott qui paraîtrait lui faire l’écho dans sa révolte contre la méchante sénatrice menteuse, obtiendra sa gloire («Je voulais le choix, l’occasion de me mettre à l’épreuve, mes capacités, mon boulot, moi-même. Il aurait dû en être ainsi !! »)... La colère de Renard de Jade est battue, tandis que la rage de Jane vainc sa guerre. Qui meurt donc, et qui gagne, dans ce combat ? A côté de ces femmes qui vivent, des hommes meurent, mais surtout des hommes parlent. C’est en effleurant le viol – qu’elle n’empêche qu’en le mettant KO – que le maître d’armes de Jane parle avec elle... avec des mots que, certes, elle n’aurait jamais souhaités, et que personne ordinairement ne saurait lui proposer, mais qui sauvent la vie à tous les deux lorsqu’il s’agira d’une guerre non seulement métaphorique... De son côté Bill – père, maître et époux abandonné – n’arrive à parler avec Beatrix que grâce à un coup de revolver dans son crâne. Pour cette raison sa femme le tuera, mais seulement par ce que pour cette même raison elle décidera d’arrêter de s’échapper à son destin, en retournant à la vie avec le seul objectif de tuer son mec. Egalement mourra Beniño, l’infirmier coupable d’avoir mis enceinte une silencieuse patiente en coma, qui ne pourra témoigner en sa faveur qu’avec son propre réveil. Et finalement, mourra le maître Limubai, après avoir fait entrer la première femme – la voleuse de son épée et la disciple de sa meurtrière – dans un monastère Shaolin, en en faisant l’héritière de sont éloquent, philosophique silence. La guerre des femmes demande que les hommes sachent leur parler et dire le premier oui à un destin qu’elles crient, en se bornant pourtant à en déviner la nature, ainsi que l’on peut entrevoir sa propre vie avant même de venir au monde. Une épée transperce maintenant le cœur de l’époux : ce sacrifice est depuis toujours un sacrifice à deux.