D’ordinaire, on entend « acédie » et on comprend « paresse » comme « inertie »… d’où l’image ci-dessus - à gauche notre Pinocchio, à droite celle utilisée par un site catholique, afin de traiter de l’Acédie en toute son envergure de péché capital (le plus important): l’image d’un ado-Oblomov s’annihilant dans la fénéantise tamasique du zapping.
Une telle image, en l’occurrence, n’est pas fausse mais elle doit s’approfondir en s’enrichissant de son opposé (hyperactivité) à son tour intérieurement articulé selon les deux pôles du divertissement et de l’affairement
C’est en effet bien ainsi que tout le monde s’accorde, depuis toujours, pour caractériser l’Acédie en son irréductibilité à la Paresse et à l’Ennui : le moine/Pinocchio acédieux dont premièrement nous parle Évagre le Pontique (cf. cet intéressant article de synthèse de Gaëlle Jeanmart , ou Évagre lui-même est cité en premier, à la p.8) seul dans sa cellule violemment résiste face au livre à étudier/méditer. Il s’ennuie… il est paresseux, certes (donc immobile, « akineton ») mais par là même il brûle d’une bougeotte (« dys-kineton ») qui le pousse à quitter sa cellule et à s’affairer (hyper-kineton !) dans un ensemble d’activités qui en réalité ne font qu le détourner (di-vertere) de la seule chose qu’il devrait faire : se poser, se calmer, concentrer son attention sur ce qui compte réellement : l’espace intérieur de son âme, d’où seulement une réelle attention (= soin= « kédos », d’où « a-cédie ») et donc une réelle intelligence, peuvent surgir.
Et bien, notre âge est l’Âge de l’Acédie et de la Techno-science sa pretresse, de ce que c’est bien à travers ce Péché Capital tueur du Dieu qui devrait le punir, que le Néant s’installe en Souverain dans nos vies... ainsi dépouillées de tout Être et tout Âme (par conséquent, l’œuvre du penseur éminent de la mort de Dieu peut-être parcourue comme une méditation ininterrompue de l’Acédie [1]).
Nous pouvons observer cela dans le détail, en consdérant la façon dont Pinocchio se laisse à présent capturer par les marionnettes ses potes au théâtre de Mangiafuoco-Techno-Science, plutôt que faire son dévoir d'élève attentif et studieux.
La Techno-science (Voix du Néant) a su en effet se forger son propre théâtre-à-marionnettes, pour y condenser toutes ces dimensions de l’acédie, que nous venons de voir, entre elles apparemment si lointaines. Ce Théâtre de Mangiafuoco n'est rien d'autre que le SMARTPHONE , qui s’impose donc sans conteste comme l’ Objet Acédieux par Eccellence.
Voilà, ci-dessous, une série de photos d’élèves (glisser la souri sur l'image) que j’ai prises dans un lycée français où j’ai travaillé, et d’étudiants qui, dans la même ville vivaient leur journée à la bibliothèque :